vendredi 13 mars 2009

Interview de Pasal Morançais dans Ouest France du 13 mars 2009




Pas de cours depuis mardi. En cause une baisse drastique des moyens de l'Institut universitairede technologie. Pascal Morançais, directeur, fait le point.

Que contestez-vous ?
La loi LRU rend les universités autonomes : conséquence inattendue, les IUT ne le seraient plus. Nous étions responsables de nos personnels et dotations de fonctionnement, administrant nous-mêmes notre budget. Cette responsabilité serait amoindrie. Si un président d'université décide de développer son IUT, il pourra lui donner plein d'argent. Très bien. Mais a contrario, il pourra aussi l'éteindre complètement.

Vous évoquez une baisse de 40 % des moyens ?
C'est la baisse prévue par le nouveau système d'allocations des moyens (Sympa), un outil mathématique national. Hors salaires, l'IUT recevait 2, 3 millions d'euros. Le système me calcule 1, 5 million. Soit presque 40 % de moins. Et 15 % pour les besoins humains. Notre grande crainte est que Sympa se mette en place dès l'an prochain.

Cette baisse ne peut être compensée ?
Si l'université décide de me donner la différence, cela signifie qu'elle la prendra à d'autres composantes, déjà sous-dotées. On ne peut vivre en attendant chaque année qu'un camion passe. Quand il n'arrivera pas, on fera quoi ?

La ministre assure que le système serait favorable aux IUT...
Elle affirme que, pour 1 € de dotation à un étudiant d'université, elle donnerait jusqu'à 2, 80 € pour un étudiant en IUT. C'est faux. Ce chiffre de 2, 80 € apparaît bien à un moment, mais, tout pris en compte, c'est en fait 0, 72 €.
On ne comprend pas. Jusqu'à l'an dernier, les IUT étaient qualifiés de sous-dotés. De même, la ministre nous citait en exemple : réussite des étudiants, aspect professionnel, etc. Et soudain un système nous réduit nos moyens de manière incroyable. On le ressent comme une punition.

Quelles seraient les conséquences ?
Sympa contient en lui la destruction des IUT. Nos diplômes sont structurés sur 1 800 heures de cours sur deux ans. Si on en ôte 40 %, on aboutit 1 100 heures. Travaux pratiques par groupes de quatorze étudiants, accompagnement sur des projets tutorés... On va être obligés de faire des choix.
Pourtant, les IUT, qui existent depuis quarante ans, ont fait leur preuve. A 90 %, nos étudiants sont diplômés en deux ou trois ans. S'il est mobile, un étudiant est embauché dans les six mois après sa formation.

Vous alertez les entreprises ?
La valeur du DUT, c'est le lien fort avec les milieux professionnels. Le diplôme est reconnu pour cela. En passant devant le siège du Medef, à la Folie-Couvrechef, on voulait leur signaler qu'on est en détresse. On ne veut pas mourir.

Quelles sont vos revendications ?
On ne veut pas renoncer à notre autonomie. On souhaite que la charte portant sur les prérogatives des directeurs d'IUT acquière force de loi, par exemple via un décret. Et garantir les moyens humains, financiers. Un article dans le code de l'Éducation le permet : le ministère peut allouer des moyens aux IUT directement. La situation peut se débloquer très vite.

Propos recueillis par Virginie JAMIN.

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